La sécurité des parcs de trampolines
Les origines des parcs de trampolines
Les parcs de trampolines sont relativement nouveaux. Le premier trampoline parc a été créé à Las Vegas aux Etats-Unis en 2004. Il a fallu 10 ans pour voir un premier parc ouvrir en Europe.
Depuis 2014, les parcs de trampolines indoor se sont développés à une vitesse vertigineuse dans toute l’Europe et à travers le monde. Parallèlement, les ventes de trampolines domestiques ont explosé, et avec elles le nombre d’accidents. Entre 2006 et 2016, les passages aux urgences médicales à cause d’un trampoline avaient été multipliés par 18 !
Alors les parcs de trampolines sont-ils dangereux ? Non, quand ils sont bien utilisés.
Conception et sécurité des parcs
Les fabricants conçoivent leur parc pour limiter les risques, et ils préconisent des règles d’utilisation strictes pour les « jumpers ». Dans un parc de trampolines, le but est le plus souvent de passer de toile en toile, pas de rebondir le plus haut possible. Les toiles de saut sont à maille très fine, souvent de couleur noire, différente de celle des trampolines sportifs qui ont une maille plus large, de couleur blanche, et qui rebondissent plus haut. Moins il y a de hauteur de saut, moins il y a de risque de mauvaise réception, et donc de blessure.
Matériaux et accessoires de sécurité
Les toiles « noires », associées à des ressorts adaptés, permettent un saut limité, une réception confortable, même sur le dos, et la fibre (mélange de polypropylène et de fibre synthétique) est très résistante et dure longtemps.
Cette toile noire a cependant le défaut d’être glissante. Les parcs proposent donc des chaussettes antidérapantes. Avec ces chaussettes, les sauts sont donc plus précis, les pieds mieux assurés, la sécurité en est améliorée.
La majorité des jumpers ne sont pas des sportifs aguerris. Ils viennent pour se détendre, s’amuser, se défouler. Mais cette activité est nouvelle, un parc de trampolines se doit donc de proposer –ou plutôt imposer- des règles du jeu.
Règles importantes
La première de ces règles est qu’il est interdit de sauter à 2 sur la même toile. De nombreux accidents surviennent à cause du « double rebond » : un premier jumper rebondit sur la toile, le deuxième atterrit sur une toile en train de remonter. Le choc peut être très violent, surtout quand le premier jumper est plus lourd que le deuxième. Les os des jeunes enfants n’y résistent pas. Les parcs de trampolines font très attention au respect de cette règle, et la capacité du parc est calculée en fonction du nombre de toiles.
Ensuite, le reste des règles est logique : ne pas courir, ne pas se pousser ou même se toucher pendant les sauts, ne pas s’assoir sur les toiles, ne pas s’accrocher sur les filets ou les anneaux de basket… Le gérant d’un parc doit vérifier en permanence que ces règles sont respectées.
Supervision et formation
La présence de personnel est obligatoire dans un parc indoor. Le nombre de superviseurs dépend de la capacité du parc et des activités qui y sont proposées. Une analyse de risque doit être effectuée en étroite relation avec le fabricant des trampolines.
Cette supervision est essentielle, vitale. Une supervision efficace assure un taux d’accident très faible. Les accidents arrivent souvent dans les 5 premières minutes, quand le jumper excité part brusquement sur les toiles, trébuche et tombe, ou dans les 5 dernières minutes, quand le jumper exténué loupe sa dernière acrobatie par manque de force et de précision. Les superviseurs doivent être présents sur les toiles, regarder et analyser les comportements, et intervenir immédiatement dès que nécessaire.
Vous serez peut-être surpris de ne pas voir évoquer des normes européennes applicables dans ce domaine. Car il n’y en a pas encore ! Un groupe de travail s’est mis en place il y a 2 ans, mais les discussions traînent. Seule une norme américaine (F-2970 de 2015) et une norme australienne (AS-5159 de 2018) existent à ce jour dans le monde, ainsi qu’une norme expérimentale française.
Cette norme française expérimentale XP S 52-370 est en 2 parties : la première partie concerne la fabrication et l’aménagement des parcs, la deuxième partie fixe les exigences d’exploitation. Cette norme étant expérimentale, elle ne peut pas être rendue obligatoire par décret, mais elle reste un bon moyen de vérifier que son parc apporte une sécurité optimale.
Cette norme apporte également des informations importantes, comme par exemple pour la capacité d’un parc : la norme XP S52-370 donne 1 joueur pour 10 m² en moyenne, et un superviseur au minimum pour 32 joueurs, nombre éventuellement augmenté par l’évaluation des risques. Un parc ayant 500 m² de surface de jeux pourrait donc accueillir 50 jumpers avec au minimum 2 superviseurs. L’expérience montre que cette capacité permet une gestion efficace des joueurs, tout en permettant une bonne rentabilité en faisant une rotation régulière (en général toutes les heures) des joueurs.
Le BSI (British Standards Institution) a également édité en 2017 le PAS 5000, un guide pour la fabrication et l’exploitation des parcs de trampolines réalisé avec la IATP (International Association of Trampoline Parks), mais celui-ci n’est pas une norme, et il concerne les parcs du Royaume Uni. Ce PAS 5000 est en grande partie basée sur la norme américaine F-2970. Le calcul de la capacité est plus compliqué mais les résultats sont cependant similaires à la norme expérimentale française.
Plusieurs pays européens font signer, comme aux Etats-Unis, une décharge de responsabilité en cas d’accident sur un parc de trampolines. Si l’exploitant peut être couvert juridiquement grâce à ce document, il ne sera pas protégé des avis et critiques des internautes sur les réseaux sociaux si les accidents sont trop nombreux.
Nous préconisons plutôt de faire visionner une vidéo de présentation de l’activité et des risques pendant le jeu à chaque jumper avant chaque séance. Cette vidéo a réduit drastiquement le nombre d’accidents et d’incidents dans les parcs qui l’ont mise en place quelques mois après leur ouverture.
Conclusion : sécurité et bonnes pratiques
En résumé, un parc de trampolines ne présente pas plus de risques qu’une autre activité de loisirs s’il est construit selon des normes existantes et s’il est bien exploité, c’est-à-dire : – que la conception du parc a été réfléchie par un spécialiste, – que les risques ont été recherchés et évalués, – que les règles du jeu ont été établies selon ces risques, – que ces règles sont connues, comprises et acceptées par tous les jumpers avant de jouer, – que le nombre de superviseurs permet de couvrir toutes les zones de jeux et particulièrement les zones à risques, – que ces superviseurs sont formés, entraînés et équipés (vêtement spécifiques, sifflet, micro…) – que les structures sont contrôlées et entretenues régulièrement.