La mort annoncée des bacs à mousse en France ?

bac à mousse The Jump Clermont Ferrand

La mort annoncée des bacs à mousse en France ?

Depuis quelques mois, plus aucun nouveau bac à mousse n’est autorisé dans un parc de trampolines en France. Pourquoi ? La mousse utilisée (polyether) n’est pas conforme aux exigences de sécurité incendie. Il n’est pas possible à l’heure actuelle de trouver une mousse classée correctement aDu feu (M3) et garantissant un amortissement convenable. Nous avions publié un blog en octobre 2020 (https://playinbusiness.com/la-securite-incendie-des-bacs-a-mousse-en-france) pour proposer une autre approche de la sécurité incendie, mais le blocage semble définitif.

Car derrière cette non-conformité se cache une autre raison: plusieurs accidents graves, dont un mortel dans le Nord en 2018, sont survenus dans des bacs à mousse. Il semble que la Direction de la Sécurité Civile en a profité pour demander le refus de tous les bacs à mousse des nouveaux parcs de trampolines.

Alors les bacs à mousse sont-ils vraiment dangereux ? S’il y a bien un endroit sécurisant, c’est un bac rempli de mousse molle dans lequel on est tenté de se surpasser. Et c’est là le problème : parce qu’il se sent en parfaite sécurité, le jumper va tenter des sauts périlleux trop compliqués. La vitesse de rotation devient ainsi trop importante pour que la mousse amortisse correctement. Si la tête touche en premier, les cervicales peuvent être touchées.

Certains constructeurs limitent l’amplitude des sauts avec des toiles plus petites, des ressorts différents, aucun podium ou plate-forme pour sauter de plus haut. La supervision et l’information -voire la formation- des jumpers au préalable limite fortement les accidents. Mais cela ne garantit pas l’absence d’accident, et les pompiers n’ont pas été convaincus.

Il y a une solution simple : remplacer le bac à mousse par un airbag, sorte de gros gonflable qui « absorbe » le jumper à la fin de sa chute. L’airbag est constitué de vinyle conforme aux normes au feu, il se nettoie facilement, il ne se délite pas comme la mousse, il reprend sa forme très vite automatiquement, plusieurs jumpers peuvent sauter en même temps sur les grands airbags, il peut avoir toutes les formes possibles, sa durée de vie est beaucoup plus longue que la mousse des bacs.

Si son coût d’achat est élevé, le coût d’entretien et de maintenance d’un airbag est beaucoup plus intéressant qu’un bac à mousse : plus besoin de remettre constamment en place les blocs de mousse après plusieurs sauts, réduction drastique des coûts d’entretien, téléphone portable et lunettes ne peuvent plus disparaître au fond du bac… Beaucoup d’exploitants optent désormais pour un airbag dans leur fosse de saut.

Est-ce donc la fin de ces bacs à mousse en France ? Pour les parcs de trampolines, il semble que oui. Les associations et les syndicats professionnels ne se sont pas emparés du sujet, les exploitants se simplifient la vie en remplaçant leur mousse par un airbag, et les jumpers s’adaptent…

Il y aura certainement une étude sur l’accidentologie dans les parcs de trampolines dans les années à venir, et j’espère que nous verrons le taux d’accidents baisser bien que le nombre de joueurs continue de progresser. Cela sera sans doute dû à la professionnalisation du secteur, à une meilleure formation et information des jumpers, à une amélioration de la supervision, et nous l’espérons très vite, à de nouvelles normes européennes concernant la conception et la fabrication des parcs de trampolines.

Mais si le nombre de bacs à mousse diminue en même temps que le taux d’accident, il y a peu de chances de revoir de nouveaux bacs à mousse en France dans les prochaines années.

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